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La toute-puissance de certains géants d’internet fait parfois grincer des dents et on peut se réjouir de la volonté de les taxer. Sauf si cette loi, au final, tend à pénaliser d’autres sites comme cela peut être le cas du français Bnbsitter, contraint de fermer alors que l’on peut constater qu’Airbnb ; qui était plus clairement visé ; continue de prospérer.
Fin de Bnbsitter : une histoire humaine qui se termine mal
C’est bien entendu une start-up qui va devoir fermer ses portes, mais il ne faut pas oublier que Bnbsitter est avant tout une histoire humaine. Celle de deux amis qui, en utilisant régulièrement Airbnb, se rendent compte que le géant n’a pas pensé à tout et que cela constitue pour eux une opportunité.
C’est pourquoi en 2014, soit 4 ans après avoir découvert cette faille, ils permettent, grâce à la création de Bnbsitter, aux propriétaires mettant leur bien en location sur Airbnb, de profiter d’un service de conciergerie. Le succès est rapidement au rendez-vous car cela rend la location entre les propriétaires et les touristes plus facile. Bnbsitter se charge de la réservation de taxi, du ménage, de l’accueil des locataires en leur remettant les clés du bien ; bref toutes les choses qui sont du ressort normalement du propriétaire mais qui peut représenter une contrainte pour lui et le faire hésiter au moment de mettre son bien sur la plateforme.
Les échanges qui n’étaient alors que digitaux gagnent en humanité ; ce qui ravit les clients. Le chiffre d’affaires de cette jeune start-up semble alors ne pas connaitre de limites, doublant tous les mois. Rien qu’en deux ans d’existence, cette plateforme de conciergerie a touché 50 000 voyageurs et elle a pu prétendre à une incroyable levée de fonds pour répondre à une demande toujours plus forte.
Alors qu’initialement, le site était créé par deux personnes, il faut rapidement embaucher pour pouvoir faire face et ce sont donc bientôt 35 employés qui sont recrutés. Pourtant, quatre ans seulement après sa création et malgré un succès phénoménal, Bnbsitter est contraint de fermer ses portes, à cause de la Loi ELAN (Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique) qui vise notamment à faire payer les GAFA…
Ce qu’il faut retenir sur la taxe GAFA et Bnbsitter
Taxer les GAFA, on peut être pour ; quand on sait comment sont imposées les entreprises françaises ; même si, au vu de ce que gagnent ces géants du numérique, cette taxe à hauteur de 3% de leur chiffre d’affaires n’est pas de taille à les faire plier. La mise en place de la loi ELAN s’explique par le fait que le gouvernement ne souhaite pas voir les centre villes de France être désertés ; notamment la ville de Paris ; comme cela peut être aussi le cas dans d’autres parties du monde.
Les propriétaires des biens, quant à eux, profitent de la location de ces derniers pour augmenter leurs revenus et voient cette taxe d’un mauvais œil, ne la trouvant pas adaptée. La loi étant relativement contraignante et les propriétaires s’exposant à des sanctions s’ils ne s’y soumettent pas, la plateforme Bnbsitter voit en premier lieu les abonnements baisser. La loi entend s’attaquer au géant américain, mais les investisseurs font l’amalgame et ne souhaitent plus mettre leur argent dans la plateforme française. Or, celle-ci comptait sur une deuxième levée de fonds pour être rentable ; alors que la plateforme qui l’a inspirée ; ne l’est toujours pas ; même si elle prétend le contraire.
Est-ce que Airbnb sera impacté par la taxe GAFA comme l’a été Bnbsitter ? Seulement sur les recettes enregistrées en France ; ce qui ne représente bien sûr qu’une minuscule partie émergée d’un gigantesque iceberg.
Dommages collatéraux
Le désir de taxer les GAFA dans une volonté de justice fiscale porte cependant davantage préjudice à de nombreuses entreprises européennes qui sont aussi concernées ; devant faire face parfois à une triple taxation qui signera peut-être également leur perte.
Est-ce la France qui est à pointer du doigt ? C’est la question légitime que se pose l’un des fondateurs de cette start-up qui ne peut que s’imaginer une fin toute autre ; s’ils avaient pensé créer ailleurs ; ce qui pose le problème de la France face aux nouvelles technologies, au manque de cas par cas et du problème de l’amalgame qui a été fait entre les deux structures.
Si la justice fiscale n’est donc pas au rendez-vous, il ne faut pas oublier l’absence de justice sociale pour les salariés de Bnbsitter qui se sont trouvés quasiment du jour au lendemain sans travail. Du fait de l’opportunité que représente pourtant cette activité de conciergerie, la possibilité de la reprise de la marque a été envisagée. Piètre consolation sans doute pour les créateurs qui ont donc la certitude que leur idée était bonne.